Dans le débat sur les critères esthétiques, Jean-Marie Schaeffer revendique, comme certains philosophes des Lumières, l’importance des plaisirs et de la subjectivité sensible. En fonction d’une critique de l’esthétique kantienne, qui lui permet de préciser la dimension cognitive du jugement de goût et le caractère anthropologique de la conduite esthétique, il propose de recourir à la théorie des signaux coûteux.
Mais, tandis que ces disciplines défendent une identité fonctionnelle entre l’art et la signalisation coûteuse dans les rituels sexuels des oiseaux-berceaux, Schaeffer propose, pour sa part, une homologie structurelle entre les deux. Sur cette base, cette étude entend montrer que, s’il existe une spécificité de la relation esthétique humaine, on ne saurait en illuminer le sens en séparant sciences cognitives et esthétique philosophique.
En poursuivant une réflexion récente, Schaeffer scrute ici les rituels au sein du monde animal pour les rapporter à ses préoccupations esthétiques. La réévaluation qu’il suggère à propos de la théorie des signaux coûteux permet d’en rehausser la valeur heuristique.
Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et directeur du Centre de recherches sur les arts et le langage (EHESS/CNRS), Jean-Marie Schaeffer est l’auteur de nombreux ouvrages où s’affirme la critique de la philosophie de l’art comme discours fondateur. Il a fait paraître, entre autres, L’art de l’âge moderne. L’esthétique et la philosophie de l’art du XVIIIe siècle à nos jours (1992), Les célibataires de l’art. Pour une esthétique sans mythes (1996), Pourquoi la fiction ? (1999), Adieu à l’esthétique (2000) et La fin de l’exception humaine (2007).